Ce début d’année voit les cryptomonnaies dans la tourmente, notamment la star des marchés, le bitcoin, qui affiche une baisse de près de 25%.
Crée en 2008, le bitcoin a connu une longue période de croissance entre 2020 et 2021, profitant de la crise sanitaire et du flot de liquidités inondant les marchés grâce à une politique très souple de la Réserve fédérale américaine (Fed).
La reine des cryptomonnaies avait alors quadruplé et affiché un record historique à 68.991 dollars, alimenté par l’intérêt des magnats des nouvelles technologies puis des acteurs de la finance traditionnelle.
Depuis, elle a perdu près de 40% de sa valeur et navigue désormais sous la barre des 36 000 dollars, et s’est effondré à 33 000 dollars dans la journée du 24 janvier.
Comment cette monnaie, qui s’est peu à peu démocratisée jusqu’à devenir une monnaie légale au Salvador, a-t-elle pu perdre en quelque mois son attrait pour les investisseurs ?
La perspective d’une hausse des taux d’intérêt
Pour contrer l’inflation, la Fed a annoncé un resserrement de la politique monétaire américaine.
Les banques centrales pourraient alors prendre la décision d’augmenter les taux d’intérêt face à la hausse des prix.
Quand on sait que l’essor des cryptomonnaies est étroitement lié à la baisse des taux d’intérêt depuis 2020, c’est tout l’attrait de ces monnaies à valeur ultraspéculatives qui s’envole face à des taux d’intérêt en hausse.
Une volonté de régulation des États
Le marché des cryptomonnaies est sensible à l’actualité. La Chine a déjà interdit leur utilisation fin septembre 2021. Cette chasse aux « mineurs » avait entrainé une chute de près de 50% de la valeur du bitcoin en quelques mois.
La Russie semble se diriger vers une décision identique. En effet, la Banque centrale Russe a publié un rapport ce jeudi proposant l’interdiction du « minage » (la création de monnaies numériques grâce à d’intenses calculs informatiques très gourmands en énergie), et des transactions en cryptomonnaie dans le pays.
Mais ce sont aussi les régulateurs européens et américains qui travaillent sur une politique plus stricte de l’utilisations de ces monnaies. Ces régulations devraient être annoncées en février, et font planer encore plus d’incertitude sur les cours de ces cryptodevises.
La crise au Kazakhstan
La coupure d’internet, décidée mercredi au Kazakhstan en réponse aux manifestations contre le pouvoir, a fait disparaître d’un coup près de 15% des capacités mondiales de création de bitcoins.
C’est contre l’augmentation du prix du gaz à pétrole liquéfié que les protestations ont commencé.
De nombreux articles sur la dégringolade des cours ont alors éclos sur les sites spécialisés, en raison de l’importance qu’a pris ce petit pays d’Asie dans l’écosystème des bitcoins.
Peu après la coupure internet du 5 janvier, plus de 13% des capacités mondiales de minages de bitcoin se sont évaporées.
Le bitcoin souffre d’une concurrence accrue
Enfin, même s’il le représente 50 % du marché mondial, le bitcoin est loin d’être la seule monnaie numérique sur le marché. Le site spécialisé CoinGecko en recensait plus de 10 000 en fin d’année, pour un marché représentant 3 000 milliards de dollars !
L’essor de l’Ethereum, challenger du bitcoin contribue a accentué la baisse de la part du bitcoin sur le marché des cryptomonnaies.
Binance coin, Ripple, Litecoin, Cardano continuent de gagner des points elles aussi.
Pour le directeur de la Société générale, Fahad Kamal, les crypto-monnaies s’apparentent au phénomène des sociétés dotcom des années 1990. « Le paysage des crypto-monnaies ressemble beaucoup à celui de l’Internet en 1997«, a déclaré M. Kamal. « En 1997, nous pensions que Netscape Navigator était de loin le navigateur le plus sophistiqué et qu’il n’y aurait jamais rien qui puisse le concurrencer. Et, évidemment, nous en sommes là, Netscape a disparu depuis longtemps. »
Il argue entre autres, que la consommation massive d’énergie du Bitcoin, et les transactions illicites dont il est le biais pourraient aboutir à une règlementation stricte qui lui serait fatale.
Le bitcoin a régulièrement enregistré des chutes de 20 à 30% par le passé, avant de remonter.
Pourrait-il se remettre d’une baisse aussi conséquente et reprendre son envolée ?