Un peu partout dans le monde, la hausse qui touche les prix de production des industriels se répand. Le ralentissement de l’industrie chinoise et l’atténuation attendue des difficultés d’approvisionnement dans les prochains mois éviteront-elles que cette flambée des coûts ne se traduise en inflation ?
Les industriels face à une forte hausse de leurs coûts
Selon les chiffres publiés par l’Insee, mercredi 22 décembre, les coûts de production des industriels français ont augmenté de plus de 16% en un an. Un chiffre que l’on n’avait pas vu depuis 1995. En novembre, ces coûts ont augmenté de 3% après une hausse de 2,8% en octobre. En cause ? La flambée des prix de l’énergie et de certaines matières premières ainsi que des pénuries.
En septembre, la hausse des coûts de production des industriels allemands a atteint 14,2% sur l’année. La France, elle, a vu cette hausse atteindre les 10%, la Chine les 10,7%. La cause : l’augmentation du prix du pétrole, évidemment, mais aussi des métaux, des divers composants, de l’électricité et du transport maritime.
En Europe, la situation s’aggrave, et l’économie se ralentit.
« Entre septembre et novembre, les prix à la consommation des produits manufacturés n’ont en moyenne augmenté que de 0,5% sur un an », note l’institut de statistiques, rapportée par Les Echos. Mais « la hausse de prix de production ne se répercute pas de façon immédiate ni complète », ajoute l’organisme.
Les géants de de l’industrie confrontés à l’inflation
« Face à un choc d’offre qui crée de l’inflation, les banques centrales ne peuvent pas faire grand-chose, tant que les conséquences de ce choc ne sont pas visibles dans l’évolution des salaires », souligne Gilles Moëc, chef économiste d’Axa IM qui remet en doute une flambée inflationniste.
Toutes les enquêtes confirment que les industriels entendent répercuter le renchérissement des coûts qu’ils subissent sur leurs prix de vente. Reste à savoir quelle sera la part qui se retrouvera sur les produits en magasins.
Il y a quelques semaines, Bercy a annoncé un plan d’aide aux industriels pour palier à leurs difficultés d’approvisionnement.
Le ralentissement de l’économie chinoise source d’optimisme en Europe
Mais tout n’est peut-être pas encore joué. « Si le ralentissement de l’économie chinoise se confirme, alors l’inflation se dégonflera car le prix des métaux, du bois, et d’autres matières premières redescendra », espère Bruno De Moura Fernandes, économiste chez coFace. Ce phénomène se ressent déjà sur certains métaux. « Le ralentissement du marché immobilier chinois a entraîné une chute du prix du fer à mesure que les mises en chantier diminuent », notent les économistes de l’agence de notation Fitch.
Jusqu’ici, donc, tout va bien. « Pour l’instant, en Europe, on ne voit que peu les conséquences des difficultés d’approvisionnement et des pénuries dans l’indice des prix à la consommation, souligne l’économiste de Coface. La demande étant actuellement forte, les entreprises peuvent avoir tendance à regarder cette période comme une opportunité de gagner des parts de marché, au moins dans un premier temps ».
Malgré cette note d’optimisme et selon les prévisions de l’institut de statistiques, l’inflation sous-jacente, c’est-à-dire hors énergie et alimentaire, sera de 2,2% sur un an en juin.