En mars dernier, l’Espagne se trouvait confrontée à une inflation de près de 10%. Un taux, inégalé depuis l’année 1985, qui fait frémir l’économie ibérique. Envol des prix de l’énergie, crise de la Covid-19 et conflit en Ukraine composent une actualité complexe dont les conséquences indirectes mettent à mal le niveau de vie de toute la classe moyenne espagnole. Les aides, initiées par le gouvernement, pourront-elles limiter les ravages de l’inflation sur la population ?
Contexte climatique, guerre et pandémie : les ingrédients d’un dangereux cocktail
Depuis le début de la guerre en Ukraine, des incertitudes majeures planent sur l’approvisionnement en gaz russe. L’avenir géopolitique de la région se négocie à coup de sanctions occidentales à l’égard de la Russie. L’Union Européenne conserve cependant une posture prudente visant à limiter le risque d’escalade. Ce contexte anxiogène provoque l’envol, difficilement contrôlable, du coût des énergies.
Mais l’augmentation significative du prix du gaz, du mazout et de l’électricité ne date pas du conflit entre l’Ukraine et la Russie. Depuis plusieurs mois déjà, d’innombrables ménages à travers l’Europe voient arriver avec crainte leurs factures d’énergie. A la source de cette flambée des prix se trouve notamment la reprise successive à la crise de la Covid-19. Après les périodes de confinement et de ralentissement des activités industrielles, le retour de la croissance amplifie fortement les besoins en gaz provoquant une hausse nette des coûts de production.
En Espagne, la situation s’explique également par une sécheresse notable survenue début 2022. La production d’hydroélectricité s’en trouvant réduite, la demande excède l’offre et appuie donc sur le mécanisme de l’inflation.
Se nourrir ou se chauffer ?
La montée des prix a, pour conséquence immédiate, la diminution du pouvoir d’achat des citoyens. Ce phénomène touche, avant tout, les plus défavorisés déjà sur le fil du rasoir en matière de consommation. Face à l’explosion du coût des aliments et de l’énergie, la classe moyenne espagnole doit désormais faire de lourds sacrifices pour se nourrir et se chauffer.
Au-delà de l’impact de l’inflation sur les personnes, c’est un pays entier qui met le genou à terre. En amplifiant le coût des importations d’énergie et des matières premières, le rebond de l’inflation appauvrit toute l’Espagne. L’économie nationale ne peut, en effet, se passer du gaz étranger indispensable à la production de nombreux autres biens de consommation.
La chute du pouvoir d’achat est responsable d’un mouvement de grogne sociale dans un pays déjà malmené par les crises successives. Les défis du gouvernement sont donc conséquents en matière économique et sociale.
Les aides gouvernementales suffiront-elles ?
La reprise post-pandémique et l’invasion de l’Ukraine par la Russie auront mis à mal l’économie espagnole en ce début d’année 2022. Quels sont les moyens, à la portée du gouvernement, pour limiter les conséquences désastreuses d’une inflation démesurée ?
L’Union Européenne a pour objectif de maintenir l’inflation annuelle autour de 2%. En frôlant les 10%, au mois de mars, l’Espagne est donc largement hors cadre. Pour préserver le pouvoir d’achat des ménages, le gouvernement a lancé un plan d’aide directe. Trois axes principaux le composent, destinés à contrecarrer l’impact inflationniste.
Tous les habitants bénéficient, dès maintenant, d’une remise de 20 centimes d’euro par litre sur les carburants à la pompe. Le revenu minimum vital est rehaussé à hauteur de 15%. Les réductions d’impôt déjà accordées sont prolongées jusqu’au mois de juin.
Conséquence directe du conflit en Ukraine, l’inflation de près de 10% a des conséquences directes sur le niveau de vie des moins fortunés en Espagne. Essentiels à la vie quotidienne, les produits énergétiques et les denrées alimentaires accusent une montée des prix significative. Un nouvel enjeu prioritaire pour le gouvernement espagnol dans un contexte géopolitique délicat.