Chiffre étonnant en période de crise, de hausse des prix de l’énergie et d’incertitudes sur l’avenir : le nombre de CDI signés en France ne cesse d’augmenter, pour atteindre les 5 millions de CDI signés en 2022, selon les chiffres provisoires de l’URSSAF. Ce sont donc 700.000 contrats à durée indéterminée de plus qu’en 2021, année pourtant marquée par la forte reprise de l’activité post-Covid.
« Non seulement l’économie crée des emplois à un niveau exceptionnel, mais en plus ce n’est pas au détriment de la qualité » affirme Éric Heyer, économiste à l’OFCE. S’il est difficile de savoir quel est le niveau de qualification et de responsabilité attaché à ces CDI, on constate tout de même que les contrats à durée indéterminée sont de plus en plus privilégiés : ils représentent désormais 18.7% des embauches hors intérim, toutes classes d’âges confondues.
Comment interpréter cette hausse des contrats longs, en période de crise ? On peut y lire le signe d’une inversion du rapport de force entre candidats et recruteurs. Les candidats privilégient majoritairement le CDI, qui offre la garantie d’un revenu stable et d’une meilleure protection, et facilite les prêts et les locations. Les entreprises se voient contraintes de suivre, pour ne pas se priver de ces talents – d’autant que la hausse des embauches entraîne, mécaniquement, une diminution de la force de travail disponible. La tendance promet de se poursuivre : l’INSEE prévoit 50.000 nouvelles embauches sur le premier semestre 2023.