Le canal de Suez devait réaliser le vieux rêve des pharaons : mettre en relation la mer Rouge et la mer Méditerrannée, autrement dit ouvrir la route maritime de l’Asie et du Moyen-Orient à l’Europe, sans avoir à contourner l’Afrique. Depuis son inauguration en 1869, et malgré une histoire tumultueuse, il aura vu transiter 1,41 milliard de tonnes de marchandises, et 24280 navires. Sur toute la période, cela lui fait donc une moyenne de soixante-huit passages par jour.
L’immense ouvrage a battu un nouveau record cette année, avec son plus haut chiffre d’affaires jamais enregistré : c’est en tout 7,5 milliards d’euros qu’il aura rapporté à l’État égyptien en 2022, soit une augmentation d’un quart depuis l’année précédente, pourtant marquée par la reprise post-Covid dans de nombreux pays, et par le blocage de l’Ever Given. On se souvient de ce porte-conteneurs, échoué dans le canal, et qui y a empêché toute circulation pendant une semaine, en mars 2021. L’incident avait souligné le rôle crucial du canal de Suez dans les échanges mondiaux, puisqu’il est un passage obligé pour 14% du trafic de marchandises, et près de 30% du trafic maritime.
Ces revenus record sont bienvenus dans une Égypte fortement ébranlée par la guerre en Ukraine et par l’explosion des prix du pétrole. Ils sont dus d’une part à l’augmentation du trafic maritime et des échanges entre Europe et Asie, d’autre part à l’augmentation de 6% décrétée par l’Autorité du Canal de Suez sur tous les navires ne transportant ni touristes ni gaz liquéfié, à partir de janvier 2022.
